Que la Paix soit sur toi,
Je vais te raconter une histoire miraculeuse que j’ai vécue.
Hier après-midi, pendant que je jouais avec mon bébé, mon mari m’a demandé, sans contexte : « Sais-tu ce qu’est un lipogramme ? » J’ai hésité un instant, avant de m’en rappeler. C’est un texte dans lequel une lettre de l’alphabet est bannie. L’exemple le plus connu est le livre « La disparition » de Georges Perec, un roman entièrement écrit sans la lettre « e », pourtant la plus fréquente en langue française.
Oui, nous avons ce genre de discussion. 😅
Sa question a surtout provoqué une vague d’émotions en me replongeant dans une merveilleuse histoire que j’avais vécue, que je vais partager avec toi.
Mon premier salaire
Je lus le livre « La disparition » lors de ma première année en école d’ingénieurs. Il faisait partie des affaires que j’avais ramenées avec moi en arrivant en France. Je quittais la ville où j’avais grandi pour étudier dans un autre continent, et mon unique valise était remplie à moitié de livres.
Dès la rentrée, des parents de collégiens ou lycéens venaient à notre école à la recherche d’élèves ingénieurs pour donner des cours particuliers à leurs enfants. J’avais l’habitude de donner des cours bénévolement à des enfants en difficulté, au Maroc. Pendant deux semaines de vacances où j’étais restée seule sur le campus, j’accompagnais donc une élève en terminale, année du bac.
Je n’avais pas négocié le prix, et étais prête à travailler avec elle gratuitement jusqu’à la reprise des cours. Mes parents couvraient tous mes besoins avec largesse et plaisir. Mais c’était tout de même la première fois que je pouvais gagner mon propre argent, et j’appréciais cette perspective d’indépendance.
À la fin des vacances, les parents de mon élève, hautement satisfaits, me payèrent 500€. Au Maroc, c’était supérieur à un SMIC. Pourtant j’avais l’impression de n’avoir rien fait pour être autant payée, surtout que j’avais l’habitude de le faire gratuitement. Je sentais que c’était trop et je refusai. Mais plus je refusai, plus ils insistaient et souhaitaient en rajouter. Alors, je me finis par me résigner et accepter mon premier salaire.
Qu’allais-je faire avec mes premiers euros gagnés ? Tous mes besoins étaient couverts. Je devais en faire une œuvre de bien. Je souhaitais soulager d’une dette une personne qui m’était chère. En même temps, je tenais à offrir un cadeau à ma maman, pour la symbolique. Je me disais aussi : et si je l’envoyais entièrement à une association pour soutenir l’une des causes qui m’importait le plus ?
Sur le chemin de l’aller, j’avais fini le livre « La disparition ». Sur le chemin du retour, j’avais commencé un nouveau livre.
Je vivais aussi une nouvelle page de ma vie, dans laquelle je pouvais commencer à donner plutôt que juste recevoir.
Je rentrai, déposai mes affaires, retirai mon manteau. Je vidai mon sac, mais…
… l’argent avait disparu.
… l’argent avait disparu.
Que s’était-il passé ? Comment était-ce possible ? Etais-je tellement noyée dans mes pensées que j’avais fait tomber les billets sans m’en rendre compte ? Allah me punissait-Il de ma joie de recevoir cet argent, et souhaitait-Il ainsi préserver mon détachement aux biens matériels ?
Je me préservai surtout de la mauvaise suspicion, qui aurait été la réaction la plus vile. Je cherchais dans mes affaires, rien. Dans mes poches, mon portefeuille, je vidai mon sac, rien. Dans le flou qui couvrait mon cerveau, je regardai même sous le lit, alors qu’il n’y avait aucune raison au monde que l’argent s’y soit faufilé. Bref, j’étais décontenancée.
J’avais peut-être fait tomber l’argent chez mon élève, au moment où je l’avais rangé dans mon sac. Cela peut arriver. Mais je n’osai évidemment pas rappeler la famille, et acceptai cette épreuve d’Allah. Je posai mon front sur mon tapis de prière, et demandai à Allah de me rendre l’argent si c’était un bien pour moi, sinon de l’accorder directement à la personne qui en a le plus besoin.
Je ne parlai de cette mésaventure à personne. Je comptai faire la surprise à mes parents à mon retour. Ils auraient été fiers mais m’auraient demandé d’arrêter et de me concentrer sur mes propres cours. Finalement ils n’en surent rien.
Trois années plus tard…
La vie poursuivit son cours et je finis par complètement oublier cette histoire. Trois années plus tard, je finissais mes études. Je trouvai un stage de fin d’études au Centre National de Recherche Scientifique. Avant de me diriger vers le consulting en Technologies de l’Information, tous mes choix m’orientaient vers la recherche scientifique.
C’est un domaine passionnant, mais très mal payé au démarrage, et finalement moins intellectuel que je ne l’imaginais. J’étais même déçue des arnaques intellectuelles des chercheurs avec lesquels j’avais pu travailler. A ce stade, j’avais demandé à mes parents de ne plus rien m’envoyer, car je tenais désormais à ne plus être une charge financière pour eux.
Néanmoins, après 3 mois de stage, je n’étais toujours pas payée, à cause d’une erreur administrative. Etant étrangère, je n’avais droit à aucune bourse ni aide. J’eus même droit à un ascenseur émotionnel, lorsqu’on m’annonça en grandes pompes, qu’étant major de promo, j’avais obtenu la bourse de mérite (une belle somme en l’occurence). J’en étais toute heureuse, je commençai à remplir le dossier pour formaliser tout cela. Première ligne : « Numéro de la carte nationale d’identité ». Etant étrangère, je m’enquis si je pouvais renseigner le numéro du passeport à la place. Et c’est là que la responsable se confondit en excuses et m’annonça que la bourse de mérite était réservée aux français, malgré qu’il s’agissait d’une bourse de « mérite », qui a priori ne concernait que le « mérite »…
Une erreur liée à cette déconvenue s’était tout de même retrouvée dans ma convention de stage, et cela avait retardé sa validation officielle, sans laquelle je ne pouvais pas être payée. Pourtant mes frais et mon loyer n’accordaient aucun délai. Têtue, je ne voulais pas inquiéter mes parents, et j’avais tellement de travail sur les épaules que je ne pouvais rien faire pour gagner de l’argent à côté. Je ne pouvais accepter d’en parler à personne, malgré le besoin.
Dans l’impasse, les larmes coulèrent sur mes joues, je ne sus les retenir. Alors je m’adressai à Lui, le front par terre.
Je savais qu’Il répondrait.
Je savais qu’Il répondrait.
Dans l’impasse, les larmes coulèrent sur mes joues et je ne sus les retenir. Alors je m’adressai à Lui, le front par terre. Je savais qu’Il répondrait.
Peu avant l’aube, dans ma chambre étudiante éclairée à la lueur d’une bougie, je posai mon front en prière et demandai à Allah, Lui qui est capable de toute chose, de m’accorder une issue honorable. Je Lui demandai de m’aider, m’accorder une solution, sans inquiéter mes parents qui traversaient eux-mêmes une phase difficile. Mon coeur était en miettes de devoir demander quoique ce soit à quiconque d’autre que Lui. Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas, j’avais besoin de Son aide, et Son aide à Lui Seul.
Je priai, à chaudes larmes. Dans ma petitesse, je m’adressai à Allah le Très-Haut. Sans intermédiaire.
La notion du temps perdue, je finis ma prière, et restai assise sur mon tapis dans le silence, bercée par le crépitement de ma bougie, pensive.
Ma bibliothèque était devant moi. Puis mes yeux se posèrent sur le livre « La disparition ». Immédiatement, mon coeur fit un bond et faillit sortir de ma poitrine. L’information était dans ma tête tout le long, mais était restée cachée jusqu’au moment opportun. Les 500€ que j’avais gagnés, mon premier salaire ! Je les avais glissés rapidement dans le livre en sortant de chez mon élève.
Je n’avais jamais rouvert le livre, vu que sur le chemin du retour j’en avais commencé un nouveau. Mais oui, j’avais mis les billets là ! SubhanAllah.
Comment avais-je pu ainsi être aveuglée ? Comment cela a-t-il pu se produire ? L’argent pouvait-il encore être dans le livre ? Cet événémeent remontait à quelques années, et j’avais vécu plusieurs déménagements entre temps, où mes livres étaient transportés ça et là. Il était improbable que les billets soient encore à leur place…
J’ouvris le livre, et y trouvai les 500€, intacts comme au premier jour, immobiles, conservés auprès du Plus Digne de confiance. Allah est grand. Je les avais cherché partout sauf à l’endroit le plus évident, pour une raison qui m’échappait complètement. Je n’avais jamais pensé à chercher dans ce livre, j’étais aveuglée pour une raison qui me dépassait. Finalement ils réapparurent au moment précis où j’en avais le plus besoin dans ma vie. Allah me les as préservés, moi qui m’apprêtais à les dilapider immédiatement ; pour la bonne cause certes, mais comme s’ils étaient une braise qui me brûlait au toucher. SubhanAllah.
J’avais demandé à Allah de les amener jusqu’à la personne qui en avait le plus besoin, mais je n’imaginais pas que cette personne puisse être moi-même à l’un des moments les plus éprouvants de ma vie. Il les a préservés jusqu’à ce jour.
Je tremblai devant Sa réponse immédiate à ma prière. Je pleurai, de reconnaissance envers Allah, Maître des cieux et de la Terre, qui répondit à ma prière, sans délai, insignifiante que je suis.
Je souris en réalisant que le titre du livre « La disparition » était un indice dès le premier jour pour mon argent disparu. Subhan Allah.
PS : Je reçus également, la même semaine, la paie de mon stage de manière rétroactive, soit une rémunération de 3 mois.
PS2 : Mon élève, après nos 2 semaines ensemble, était passée d’une note moyenne de 11/20, à des notes entre 18 et 20/20, alhamdoulillah.
Mon histoire se termine ici. J’ai pleuré en l’écrivant, en me remémorant ce moment miraculeux. J’en tremble encore.
J’espère que mon histoire t’a plu et a pu t’inspirer. N’hésite pas à la partager si tu le souhaites.
Merci pour ce partage. Quelle belle histoire et fin. Everything is written 🙏🏾
Merci à toi pour ton message. 🌹
Allah sait ce qu’on ne sait pas, faisons-Lui confiance. ❤️
Merci c’est tres touchant. Que Dieu vous préserve.
As salam aleykoum wa rahmatoulahi wa barakatu ma chère sœur. Ton histoire est magnifique rempli de générosité, de Tawakul et d’humilité. Très touchante et un merveilleux rappel… La clé c’est Lui qui l’a détient.
Al hamdoulilah.
Belle continuation.
Wa aleykoum salam,
Je te remercie de prendre le temps de nous lire et nous écrire. 🌹
Alhamdoulillah, oui, Allah est capable de toute chose. Faisons-Lui confiance. 🥰
As salam ouahleyki . Juste ouawwww. SobhanAllah quel belle histoire . Allah u Akbar.
J’ai aussi eu une sacrée histoire que très très très peu de personne connaisse alors je comprend parfaitement tes émotions.
Le fait de savoir qu Allah le très haut nous a entendu nous c juste ouawww. 🙏
Wa aleikoum salam.
Eh oui, Il nous voit, Il nous entend et Il sait tout. 🥰